Le blog de l'association philatélique de Castanet Tolosan

La Fabophilie fèves

1 Décembre 2019 , Rédigé par Pierre Publié dans #Fabophilie, #Collectionneur de fèves

La Fabophilie

La collection des fèves

Historique

Extraits de La collection de fèves avec l’aimable autorisation de Monique Joannès

I. La fève légume

La fève est consommée et cultivée couramment depuis les temps préhistoriques. Elle fertilise le sol où elle a été semée comme engrais. Sa forme étrange qui évoque l’embryon lui confère un rôle important dans de nombreux rites antiques. Chez les anciens Egyptiens, le champ de fèves est le lieu où les morts attendent leur réincarnation. Les fèves symbolisent le fœtus ; elles sont le premier don de la terre au printemps, des morts aux vivants. Liée à la fécondité de la terre, les fèves sont d’une manière générale considérées comme symbole des bienfaits et de la prospérité des morts. Au Moyen-Age, c’est essentiellement le symbole de vie qui subsiste, ce qui explique la place qu’elles occupent dans les cérémonies de mariages et de labours. La fonction alimentaire est importante : la soupe de fève fait partie de la vie du paysan. S’inspirant des Grecs qui votaient à l’aide d’une fève blanche ou noire indiquant l’acquittement ou la condamnation, elles servent aussi de jeton de vote.

II. La fève jeton de vote

L’élection d’un roi éphémère, au solstice d’hiver, à l’origine de la phase ascendante qui voit le renouveau de la vie et de la nature est, selon les historiens, une réapparition des Saturnales ; ces réjouissances populaires étaient célébrées à Rome en l’honneur du dieu Janus. Lors des banquets demeurés fameux, un jeu désignait le roi du festin qui pouvait être un esclave. Maîtres et esclaves échangeaient leurs rôles respectifs ainsi que leurs vêtements. Le "monarque" donnait des ordres fantaisistes et se faisait servir par les maîtres. Dans les garnisons, un roi choisi par les soldats parmi les condamnés à mort est déguisé et prend part aux débauches collectives avant d’être décapité. C’est la "liberté de décembre" ; pendant 7 jours toutes les licences sont permises. On s’offre des cadeaux de prix parmi les gens aisés. Les chandelles de cire, symbole de lumière retrouvée, sont le plus courant. Ces temps de grand désordre, ou les gens sérieux fuyaient à la campagne, manifestait en fait une volonté de revivre l’âge d’or de l’abondance, de la justice, où tous les hommes étaient égaux sous le règne du dieu Saturne, venu enseigner l’art de l’agriculture. Vers la fin du IVème siècle, les Saturnales sont interdites. Seule la fête du Nouvel An est autorisée dans le monde chrétien. L’Eglise doit à présent s’imposer ; elle instaure des fêtes pour remplacer les célébrations païennes. Elle célèbre la naissance de Jésus-Christ le 25 décembre, date à laquelle on fêtait la renaissance du soleil, après le solstice d’hiver. Jusque-là, il n’y avait pas de date fixe et l’épiphanie (du Grec EPI = sur et PHANiA = révélation) se confondait avec elle. Le 6 janvier, date à laquelle les égyptiens commémoraient la résurrection d’Osiris, l’Eglise place l’adoration des mages où, selon l’évangile de Saint Matthieu, les mages viennent d’Orient adorer l’enfant Jésus et lui offrir en présent l’or, l’encens et la myrrhe ; symbolisant respectivement des biens matériels, des prières et le sacrifice. L’épiphanie est reportée au dimanche situé entre le 2 et le 8 janvier. La fève, symbole de vie, possédant déjà par ailleurs une fonction électorale, remplace dans les milieux modestes la pièce de monnaie. Robert, Evêque d’Amiens, dans une charte datée de 1311, nous décrit le gâteau comme une "pratique constante", composé d’une pâte "feuillée", de beurre et d’œufs frais. C’est durant le XVème siècle que se répand la coutume du gâteau traditionnel.

III. La fève et l’Epiphanie

Sous la Convention, la fête des rois faillit être interdite. Elle porte le nom de fête des sans-culotte, et le gâteau fut rebaptisé "gâteau de l’Egalité". Le Maire de Paris, dans un arrêté du 4 nivôses an III (décembre 1793) interdit aux pâtissier de fabriquer ce gâteau. Malgré les pires vicissitudes, la fabrique du gâteau des rois continua. Et ce, jusqu’à aujourd’hui.

Voyons comment encore au début du XXème siècle, on "tirait les Rois" : Le père de famille découpe la galette en autant de part que de convives sans oublier la part à Dieu ou de la Vierge destinée à un mendiant (aussi appelée part du pauvre). Tout le monde doit en manger. Elle protège, en particulier les enfants, des envoyées d’Hérode qui errent toute la nuit précédant la fête. Un enfant, le plus jeune, caché sous la table, désigne la part de chacun. "Pour qui ?" demande le père, et l’enfant attribue les parts. La fève est tirée au cri de "Vive le Roi", et chaque fois que celui-ci porte sa coupe à ses lèvres, on s’écrit "le Roi boit !" en souvenir du premier mage qui, apercevant l’enfant Jésus au sein de sa mère, se serait exclamé "le Roi boit !". Le roi choisit sa reine en jetant la fève dans le verre de l’heureuse élue. Dans certaines familles, on dissimulait un haricot et une fève objet dans le gâteau : l’un désignait la reine te l’autre le roi. Le roi doit un cadeau à sa reine : il offre à boire et un autre gâteau la semaine suivante. Privilège coûteux qui aurait incité certains à avaler le légume. C’est ainsi qu’à la fin du XIXème siècle, avec l’industrialisation, la mode du bibelot et de la poupée, apparaît la fève en porcelaine, moins digeste. Quoique la France ait connu plusieurs régimes républicains, cette fête, qui dans la pensée des masses n’a plus guère de signification politique, demeure aussi populaire et aussi générale que par le passé.

IV. La fabrication des fèves en porcelaine

La fabrication des premières fèves en porcelaine date de 1874 et se situe en Allemagne. Apparaissent alors les premiers baigneurs (petits poupons nus). A partir de 1892, la diversification des thèmes s’élargit jusqu’au début du XXème siècle. Dès lors, c’est l’âge d’or de la fève polychrome avec des thèmes représentatifs de l’époque.

Principal spécialiste pour la fabrication des fèves, la maison Ranque-Ducongé devenue par la suite Limoges-Castel et aujourd’hui fermée, produisait chaque année plusieurs millions de fèves (6 millions de fèves biscuits, 1,5 million de sujets émaillée et 600 000 décorés). Et seules deux à trois personnes étaient occupée temporairement aux postes de fabrication. Selon une recette traditionnelle, le pante à porcelaine s’obtient à partir d’un mélange de feldspath, de kaolin, pétrole et eau.

De la traditionnelle poupée, la fève a cherché à représenter l’enfant Jésus, des anges, colombes, Jeanne d’Arc, ... Puis les thèmes se sont élargis, le religieux faisant place petit à petit à la royauté (couronne, roi, reine), à des porte-bonheurs (fer à cheval, trèfle, cochon, 13, ...) puis à des sujets usuels ou d’actualité (Concorde, Zeplin, Apollo, avion biplan...). Puis l’ère du dessin animé a commencé pour aujourd’hui envahir la quasi-totalité du marché actuel de la fève. Au milieu des années 80, la publicité s’est emparée de l’Epiphanie ainsi pouvait-on gagner une voiture en trouvant 5 fèves TF1. Certains boulangers renommés ont eu l’idée de faire fabriquer des fèves personnalisées (Poilânes petits ânes, Le Nôtre, ...)

2014-2019 La Fabophilie

Historique

Extraits de La collection de fèves avec l’aimable autorisation de Monique Joannès

La fève est consommée et cultivée couramment depuis les temps préhistoriques. Elle fertilise le sol où elle a été semée comme engrais. Sa forme étrange qui évoque l’embryon lui confère un rôle important dans de nombreux rites antiques. Chez les anciens Egyptiens, le champ de fèves est le lieu où les morts attendent leur réincarnation. Les fèves symbolisent le fœtus ; elles sont le premier don de la terre au printemps, des morts aux vivants. Liée à la fécondité de la terre, les fèves sont d’une manière générale considérées comme symbole des bienfaits et de la prospérité des morts. Au Moyen-Age, c’est essentiellement le symbole de vie qui subsiste, ce qui explique la place qu’elles occupent dans les cérémonies de mariages et de labours. La fonction alimentaire est importante : la soupe de fève fait partie de la vie du paysan. S’inspirant des Grecs qui votaient à l’aide d’une fève blanche ou noire indiquant l’acquittement ou la condamnation, elles servent aussi de jeton de vote.

L’élection d’un roi éphémère, au solstice d’hiver, à l’origine de la phase ascendante qui voit le renouveau de la vie et de la nature est, selon les historiens, une réapparition des Saturnales ; ces réjouissances populaires étaient célébrées à Rome en l’honneur du dieu Janus. Lors des banquets demeurés fameux, un jeu désignait le roi du festin qui pouvait être un esclave. Maîtres et esclaves échangeaient leurs rôles respectifs ainsi que leurs vêtements. Le "monarque" donnait des ordres fantaisistes et se faisait servir par les maîtres. Dans les garnisons, un roi choisi par les soldats parmi les condamnés à mort est déguisé et prend part aux débauches collectives avant d’être décapité. C’est la "liberté de décembre" ; pendant 7 jours toutes les licences sont permises. On s’offre des cadeaux de prix parmi les gens aisés. Les chandelles de cire, symbole de lumière retrouvée, sont le plus courant. Ces temps de grand désordre, ou les gens sérieux fuyaient à la campagne, manifestait en fait une volonté de revivre l’âge d’or de l’abondance, de la justice, où tous les hommes étaient égaux sous le règne du dieu Saturne, venu enseigner l’art de l’agriculture. Vers la fin du IVème siècle, les Saturnales sont interdites. Seule la fête du Nouvel An est autorisée dans le monde chrétien. L’Eglise doit à présent s’imposer ; elle instaure des fêtes pour remplacer les célébrations païennes. Elle célèbre la naissance de Jésus-Christ le 25 décembre, date à laquelle on fêtait la renaissance du soleil, après le solstice d’hiver. Jusque-là, il n’y avait pas de date fixe et l’épiphanie (du Grec EPI = sur et PHANiA = révélation) se confondait avec elle. Le 6 janvier, date à laquelle les égyptiens commémoraient la résurrection d’Osiris, l’Eglise place l’adoration des mages où, selon l’évangile de Saint Matthieu, les mages viennent d’Orient adorer l’enfant Jésus et lui offrir en présent l’or, l’encens et la myrrhe ; symbolisant respectivement des biens matériels, des prières et le sacrifice. L’épiphanie est reportée au dimanche situé entre le 2 et le 8 janvier. La fève, symbole de vie, possédant déjà par ailleurs une fonction électorale, remplace dans les milieux modestes la pièce de monnaie. Robert, Evêque d’Amiens, dans une charte datée de 1311, nous décrit le gâteau comme une "pratique constante", composé d’une pâte "feuillée", de beurre et d’œufs frais. C’est durant le XVème siècle que se répand la coutume du gâteau traditionnel.

Sous la Convention, la fête des rois faillit être interdite. Elle porte le nom de fête des sans-culotte, et le gâteau fut rebaptisé "gâteau de l’Egalité". Le Maire de Paris, dans un arrêté du 4 nivôses an III (décembre 1793) interdit aux pâtissier de fabriquer ce gâteau. Malgré les pires vicissitudes, la fabrique du gâteau des rois continua. Et ce, jusqu’à aujourd’hui.

Voyons comment encore au début du XXème siècle, on "tirait les Rois" : Le père de famille découpe la galette en autant de part que de convives sans oublier la part à Dieu ou de la Vierge destinée à un mendiant (aussi appelée part du pauvre). Tout le monde doit en manger. Elle protège, en particulier les enfants, des envoyées d’Hérode qui errent toute la nuit précédant la fête. Un enfant, le plus jeune, caché sous la table, désigne la part de chacun. "Pour qui ?" demande le père, et l’enfant attribue les parts. La fève est tirée au cri de "Vive le Roi", et chaque fois que celui-ci porte sa coupe à ses lèvres, on s’écrit "le Roi boit !" en souvenir du premier mage qui, apercevant l’enfant Jésus au sein de sa mère, se serait exclamé "le Roi boit !". Le roi choisit sa reine en jetant la fève dans le verre de l’heureuse élue. Dans certaines familles, on dissimulait un haricot et une fève objet dans le gâteau : l’un désignait la reine te l’autre le roi. Le roi doit un cadeau à sa reine : il offre à boire et un autre gâteau la semaine suivante. Privilège coûteux qui aurait incité certains à avaler le légume. C’est ainsi qu’à la fin du XIXème siècle, avec l’industrialisation, la mode du bibelot et de la poupée, apparaît la fève en porcelaine, moins digeste. Quoique la France ait connu plusieurs régimes républicains, cette fête, qui dans la pensée des masses n’a plus guère de signification politique, demeure aussi populaire et aussi générale que par le passé.

La fabrication des premières fèves en porcelaine date de 1874 et se situe en Allemagne. Apparaissent alors les premiers baigneurs (petits poupons nus). A partir de 1892, la diversification des thèmes s’élargit jusqu’au début du XXème siècle. Dès lors, c’est l’âge d’or de la fève polychrome avec des thèmes représentatifs de l’époque.

Principal spécialiste pour la fabrication des fèves, la maison Ranque-Ducongé devenue par la suite Limoges-Castel et aujourd’hui fermée, produisait chaque année plusieurs millions de fèves (6 millions de fèves biscuits, 1,5 million de sujets émaillée et 600 000 décorés). Et seules deux à trois personnes étaient occupée temporairement aux postes de fabrication. Selon une recette traditionnelle, le pante à porcelaine s’obtient à partir d’un mélange de feldspath, de kaolin, pétrole et eau.

De la traditionnelle poupée, la fève a cherché à représenter l’enfant Jésus, des anges, colombes, Jeanne d’Arc, ... Puis les thèmes se sont élargis, le religieux faisant place petit à petit à la royauté (couronne, roi, reine), à des porte-bonheurs (fer à cheval, trèfle, cochon, 13, ...) puis à des sujets usuels ou d’actualité (Concorde, Zeplin, Apollo, avion biplan...). Puis l’ère du dessin animé a commencé pour aujourd’hui envahir la quasi-totalité du marché actuel de la fève. Au milieu des années 80, la publicité s’est emparée de l’Epiphanie ainsi pouvait-on gagner une voiture en trouvant 5 fèves TF1. Certains boulangers renommés ont eu l’idée de faire fabriquer des fèves personnalisées (Poilânes petits ânes, Le Nôtre, ...)

2014-2019 La Fabophilie

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